Depuis début 2021, on a beaucoup parlé du renchérissement spectaculaire des produits de construction en bois et même de pénuries plus ou moins sévères.
Tous les matériaux de construction concernés
Il convient de remettre la flambée des prix du bois en perspective : la crise sanitaire et les confinements plus ou moins rigoureux et répétés dans la plupart des régions du monde au cours des 2ème et 3ème trimestres 2020 ont mis les unités de production à l’arrêt dans de nombreux secteurs intimement liés à la construction : métallurgie, plasturgie, pétrochimie, scieries…
Cette situation a engendré des ruptures de stock et donc des retards dans les délais de livraison, des augmentations de prix et même des pénuries ponctuelles. Cela a concerné la quasi-totalité des matériaux de construction. Le bois et ses dérivés (panneaux OSB), de plus en plus massivement utilisés dans la construction, ont donc été affectés au même titre que les autres matériaux de construction.
Des facteurs spécifiques au bois
Ceci étant, l’augmentation substantielle des prix des résineux (de loin les plus utilisés dans la construction) et les difficultés d’approvisionnement sur le marché wallon et plus largement européen, résultent également de facteurs spécifiques au bois :
- Parallèlement à la crise sanitaire et la mise à l’arrêt de l’industrie transformatrice, la crise des scolytes a contribué à réduire drastiquement les volumes de bois disponibles – et incidemment à altérer leur plus-value esthétique (leurs qualités structurelles n’étant pas affectées).
- La reprise économique aux Etats-Unis a engendré un boom spectaculaire de la construction dans ce pays où le bois occupe une place majeure (environ 90% du parc immobilier résidentiel américain est en structure bois).
- Frappés par un arrêt brutal des chantiers et donc des commandes lors du 1er confinement en mars 2020, les producteurs européens de bois sciés se sont tournés vers l’export pour écouler leur production, et principalement vers les marchés américains et chinois qui continuaient de fonctionner.
Résultat : alors que les prix du bois sont généralement d’une très grande stabilité, ils ont littéralement explosé à partir du dernier trimestre 2020.
Le bois : tellement plus cher aujourd'hui qu'hier ?
Cette augmentation doit toutefois être relativisée : selon la Confédération belge du bois, le prix de l’épicéa wallon (qualité charpente) n’était, au 1er mars 2021 que très légèrement supérieur à ce qu’il était au 1er janvier 2018. Ce n’est donc pas tant le coût du m3 de bois wallon qui a posé problème que la soudaineté et la brutalité de cette augmentation que personne n’avait anticipée.
Un marché toujours sous tension
Aujourd’hui, le marché reste tendu pour l’ensemble des matériaux de construction. Concernant le bois plus spécifiquement :
Les feuillus sur pied, et plus précisément les chênes et les hêtres, ont vu leur prix s'envoler ces derniers mois, en raison d'une forte demande à l'exportation ;
Pour les résineux, qui représentent plus des 3/4 de la récolte wallonne, si les prix des épicéas ont, dans un premier temps, bondi durant le printemps, il s'en est suivi un léger tassement, selon l’Office Economique wallon du Bois. Quant au douglas et au mélèze, ils restent très demandés, avec un prix stable, alors que le pin profite d'un regain d'intérêt et de prix attractifs.
Oui, mais le coût environnemental ?
Si construire est indubitablement plus coûteux aujourd’hui qu’hier quels que soient les matériaux choisis, ne devrait-on pas faire intervenir d’autres critères dans l’équation ? En particulier, celui si essentiel aujourd’hui de l’impact écologique ?
Dans ce domaine, le bois est sans conteste le choix n°1, le matériau qui exerce le moins de pression sur l’environnement :
- La transformation du bois ne nécessite aucune industrie lourde.
- De nombreux transformateurs veillent à utiliser toutes les parties de l’arbre.
- Le recours à des essences locales limite drastiquement la pollution liée au transport.
- En construisant en bois, on fixe pour longtemps le CO2 emmagasiné par l’arbre tout au long de sa croissance.
- Le recyclage et le réemploi, déjà très présents dans les filières de l’ameublement, commencent à poindre dans le secteur du bâtiment. De quoi diminuer encore l’impact environnemental du bois !